L'Allemagne adopte un projet de loi historique sur le cannabis : Le Bundesrat vote en faveur de la loi sur le cannabis, qui entrera en vigueur le 1er avril.

Auteur : BEN STEVENS 22 MARS 202 Les affaires du cannabis. International Cannabis Weekly édition 342 https://businessofcannabis.com/germany-passes-landmark-cannabis-bill-bundesrat-votes-in-favour-of-cang-with-law-set-to-come-in-on-april-01.

ARTICLE:

Le Bundesrat (Conseil fédéral) allemand a voté en faveur du projet de loi CanG sans faire appel à une commission de médiation, ce qui signifie que la loi devrait entrer en vigueur le 1er avril 2024.

Lors du vote peut-être le plus important de l'histoire européenne sur la libéralisation du cannabis, le Bundesrat allemand a décidé ce matin d'adopter le projet de loi CanG ou de le renvoyer à la commission de médiation, où l'on s'attendait à ce qu'il n'aboutisse jamais.

Le projet de loi légalisera la possession d'un maximum de 25 grammes de cannabis pour un usage adulte. Il permettra également aux citoyens de cultiver jusqu'à trois plants de cannabis chez eux et de posséder jusqu'à 50 grammes de fleurs de cannabis sur leur propriété. Les associations de culture de cannabis seront également légalisées, tandis que la consommation publique sera autorisée, bien que des règles strictes subsistent quant aux lieux où elle est acceptable.

Le projet de loi retirera également le cannabis de la liste des stupéfiants, un changement qui devrait avoir un impact significatif sur le marché déjà florissant du cannabis médical dans le pays.

Le chemin a été long et difficile pour la CanG, qui a été sévèrement édulcorée, reportée à de nombreuses reprises et combattue à chaque fois.

Malgré la forte opposition des États membres, la nation la plus peuplée de l'Union européenne a atteint ses objectifs ambitieux, ouvrant la voie à une réforme du cannabis à l'échelle mondiale.

Le débat

La session de ce matin a vu un certain nombre d'orateurs passionnés présenter leurs arguments au Bundestag, la majorité d'entre eux cherchant à encourager les États à voter en faveur de la mise en place d'une commission de médiation.

Le ministre-président de Saxe-Anhalt, Reiner Haseloff (CDU), a entamé le débat en se prononçant, sans surprise, contre le projet de loi.

Il a suggéré que le projet de loi "tuerait des gens", stimulerait le marché illicite et entraînerait une augmentation des accidents de la route dus à la conduite en état d'ébriété.

Il a ajouté que le ministre fédéral de la santé et architecte du projet de loi, Karl Lauterbach, "trompait" les gens en déclarant que la convocation d'une commission de médiation tuerait le projet de loi. La Saxe-Anhalt s'abstiendra donc lors du vote.

Des déclarations incendiaires similaires ont été faites par son collègue de la CDU, le ministre-président de Saxe, Michael Kretschmer, qui a comparé le cannabis à de la méthamphétamine et a déclaré que le projet de loi allait à l'encontre de la démocratie, annonçant à nouveau qu'il ne voterait pas pour approuver le projet de loi.

Judith Gerlach (CSU), de la Bavière, a soulevé les préoccupations habituelles concernant le surcroît de travail que cela imposerait au système judiciaire et aux services chargés de l'application de la loi. Elle a ajouté qu'il s'agissait d'une "boîte de Pandore" qu'il fallait arrêter au sein du comité de médiation.

La ministre de la justice du Brandebourg, Susanne Hoffmann, a déclaré que "sa colère" l'avait poussée à s'exprimer sur cette question, estimant que le projet de loi n'aurait aucun impact sur le marché illicite et que la consommation de cannabis augmenterait de manière significative.

Le ministre de la justice de Rhénanie-du-Nord-Westphalie a déclaré qu'il n'était pas opposé à la légalisation, mais qu'il s'opposait à la clause d'amnistie en raison du risque d'engorgement du système judiciaire, ajoutant qu'une règle d'amnistie différée aurait dû être incluse. Felor Badenberg, sénateur de Berlin chargé de la justice et de la protection des consommateurs, s'est fait l'écho de ces propos.

M. Lauterbach a présenté le premier argumentaire positif en faveur du projet de loi, affirmant que le nombre de jeunes consommateurs de cannabis avait déjà doublé malgré l'illégalité de cette substance et demandant si le système actuel fonctionnait.

"Si nous ne gérons pas cette situation, ce sera une bonne journée pour le marché illicite, car le statu quo continue d'opérer et de cibler nos enfants.

La route vers le vote

Dans le cadre des efforts déployés pour éviter que le projet de loi ne soit soumis à la commission de médiation, le gouvernement fédéral a fait une offre aux États en début de semaine, proposant un certain nombre de concessions clés sur des points litigieux.

Le gouvernement a choisi de conserver la clause d'amnistie controversée, une mesure dont de nombreux États craignent qu'elle ne surcharge leurs systèmes judiciaires et qui est la principale raison pour laquelle le vote s'annonçait si serré.

Sa "déclaration protocolaire" a toutefois prévu plus d'argent pour la prévention de la toxicomanie, une autre question clé soulevée par les représentants des États.

Le ministère fédéral de la santé s'assurerait ainsi qu'un financement supplémentaire de 6 millions d'euros restera disponible au-delà de 2024 pour développer les programmes de prévention du cannabis.

Redoublant d'efforts en matière de prévention, le gouvernement a également promis de débloquer 20 millions d'euros pour soutenir un centre de prévention, allant ainsi "au-delà des plans précédents".

D'autres modifications ont été apportées aux règles régissant les associations de culture du cannabis, avec l'introduction de "contrôles réguliers" dans le but de réduire la charge pesant sur les autorités locales, au lieu d'inspections annuelles.

En outre, les "zones de culture à grande échelle" seront également exclues afin d'éviter que les associations de cannabis ne se transforment en exploitations de culture commerciales, tandis que l'externalisation des activités à des tiers sera également interdite.

Il a toutefois été avancé que ces promesses n'étaient que politiquement contraignantes, et non juridiquement contraignantes, de sorte que leur impact sur le vote n'est pas clair.

A lire également